Le chant des sirènes - Atria/Merwyn [Fini]

- Cela faisait plusieurs jours que le Grand des Flots avait accosté aux Caraïbes. Ravitaillés et requinqués, les hommes s'imaginaient repartir dans les heures qui suivaient, mais il n'en était rien.

Jusqu'à ce matin, la Capitaine n'avait pas donné d'ordre et l'équipage commençait à s'inquiéter. Ils avaient la mer dans le sang, pas le pied fait pour la terre.

Enfin, alors que les rumeurs s'installaient, Atria sortit enfin de sa cabine. Elle ordonna qu'on lève l'ancre dans l'heure. Bientôt, le bâtiment fut animé par les mouvements frénétiques des matelots qui s’affairaient pour le renvoyer à la mer.

Personne ne savait où ils se rendaient. Le Grand des Flots s'entêtait à voguer près des côtes, la Capitaine gardant les yeux fixés sur le rivage. Ils longèrent le port, passèrent près des criques, pour finalement se stopper non loin de la jungle, à l'écart de toute vie humaine. On ne discuta pas.

Alors, la Capitaine descendit sur le pont et fit rassembler l'équipage. -


David, le Doc', toi, toi, toi, et toi, vous venez avec moi à terre. Les autres, vous surveillez le navire.


- Les matelots regardèrent, incrédules, le Capitaine et son Second charger une flopée d'armes et d'autres ustensiles, tels des filets, à bord de deux canots.

Les quatre matelots désignés ainsi que David, montèrent dans le premier canot. Atria fit signe à Merwyn de le rejoindre dans le second.
Une fois sur les flots, elle resta obstinément muette, le regard obstinément tourné vers la forêt tandis qu'elle menait la barre. -

Dès que les côtes furent visibles, le Chirurgien avait fait son paquetage. Le strict nécessaire : aiguilles, fils, médicaments... Tout ce qu'il put emporter. Atria était beaucoup trop sérieuse depuis quelques temps pour que cette expédition soit anodine.

Il finissait à peine son sac...

- Tout le monde sur le pont !

L'atmosphère était pesante. Lourde. Et ce n'était pas juste dû à la jungle toute proche.
On assigna à Merwyn le second canot. Il aurait presque préféré qu'on le parque avec ce connard de David le temps de la traverser. Sa relation avec Atria était... tendue.
Néanmoins, à peine embarqués, elle lui tourna le dos et ne prononça pas un mot.

La terre était toute proche maintenant et Merwyn eut un petit sursaut quand le canot buta sur le sable.

- C'est vrai que le pauvre Merwyn n'avait pas eu beaucoup de chance de se retrouver à bord du même canot exigu que la Belle qui se montrait aussi froide avec lui qu'avec les autres, ces derniers jours. Malgré leur relation ... Particulière.

Cependant, Atria était bien loin de toutes ces préoccupations. Le Chirurgien pouvait voir ses muscles tendus à travers ses vêtements, rien qu'à la manière sèche dont elle menait l'embarcation.

Enfin débarqués sur le sable, elle observa la jungle un long moment avant de se tourner vers ses Hommes. Ils la suivaient aveuglément, où qu'elle aille, mais cette fois, ce qu'ils allaient voir dépassait leur entendement. Et avant toute chose, elle devait leur expliquer ce qui les attendait. -


Ce à quoi vous allez assister aujourd'hui, personne ne peut se vanter de l'avoir jamais vu. Vous allez vous confronter à des créatures dont on ne parle que dans les contes. Les sirènes.


- Un murmure à la fois effaré et peureux parcourut l'assistance. A l'exception de David, qui semblait déjà mis au fait. Les marins semblaient complètement perdus. Aussi reprit-elle : -


Je ne vous demande pas de comprendre. Sachez juste qu'il ne s'agit pas d'être sans défense. Un peu plus loin, dans la forêt, il y a une grande cascade qui se jette dans une rivière, et elle-même dans l'océan. C'est là qu'elles se retrouvent, une fois par an. Et ce jour, c'est aujourd'hui. Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Il m'en faut une. Vivante. Armez-vous bien.


- David distribua les armes. Mousquets, sabres ... Autant qu'ils pouvaient en porter. Soit elle exagérait, soit ils devaient réellement se montrer méfiants.

Et malgré le peu d'informations dont elle avait bien voulu leur faire part, lorsque leur Capitaine s'enfonça entre les arbres, ils la suivèrent. -

Merwyn était... perdu.
D'accord, on lui avait appris à se battre sur ce foutu rafiot mais... des sirènes ? Un combat dangereux au point que même Atria a l'air inquiète ?

Mais qu'est-ce qu'il foutait là...

Déjà, une partie des pirates suivait leur capitaine, vers la jungle.
David lui donna un sabre, un pistolet et lui fourra quelque chose dans la main.

Deux billes de cire.

- Merwyn ne pouvait pas se douter que la crainte qui étreignait les entrailles de la jeune femme n'avait rien à voir avec la morbidité du combat à venir ... Mais à tout autre chose. Qu'elle espérait que ni lui, ni un autre, n'ait à découvrir.


Le chemin fut long. Fatiguant. Poisseux. La flore leur barrait la route et la faune les guettait. Ils n'étaient pas les bienvenus ici. Surtout en ce jour magique que la forêt attendait avec impatience.

Atria cheminait en tête, têtue, l'arme tranchante. Pendant ce temps, David leur expliqua le plan.
Ils s'arrêteraient à environ deux mètres du plan d'eau.
Le Chirurgien et lui se tiendraient à l'ouest.
Deux autres à l'est.
Ils devraient se tenir prêts au signal du Capitaine, armes au poing, bouchons de cire dans les oreilles.

Capitaine qui irait, seule, à la rencontre de la rivière, normalement encore vide.

Puis ... Ils verraient bien assez vite. Ils devaient se contenter d'obéir.
Les hommes à l'est devaient préparer le filet.


Enfin, ils arrivèrent à destination. La rivière était large, secouée par les remous de la cascade.
Les matelots se répartirent.
Sans un regard en arrière, Atria s'avança. -

Allait-elle vraiment y aller seule ?

Merwyn a un geste dans sa direction mais on le retient. David lui avait agripé le bras et lui fit signe de mettre les bouchons de cire.

- Mais elle...
- Maintenant.

Réticent, le Chirurgien n'eut pas le choix. Il plaça les bouchons dans ses oreilles et le monde devint étrange autour de lui. Ouaté, étouffé. Il y avait de quoi devenir fou.

Atria se tenait maintenant, seule, ses hommes cachés autour d'elle...

Et la cascade se mit à bouillonner.

- Atria avança lentement jusqu'à la rive avant de s'arrêter un bref instant. Comme si elle rassemblait tout son courage.

Puis, avec tout autant de douceur, redevenue maîtresse d'elle entra dans l'eau.
D'abord jusqu'aux chevilles, puis jusqu'à la taille.

Quand la cascade se mit à vibrer, elle ne bougea pas. Une main apparut, effleurant sa chemise trempée. Puis une autre. Encore une autre. Un torse féminin émergea des eaux pour venir se coller contre elle. Quelques minutes plus tard, pas moins de trois sirènes se tenaient autour d'elle, la palpant, comme si elle était une curiosité. Leurs lèvres bougeaient bien que les hommes ne purent rien entendre.

Le regard de la jeune femme se fit flou.
L'une d'elle l'entraina loin du rivage. Et l'entraina sous l'eau, d'un geste.

Alors David donna le signal. Un simple pouce levé, sans qu'il ne sourcille à la vue de son Capitaine ainsi entrainé. Les matelots sortirent des bois, levèrent les armes. Envoyèrent les filets.

Jusque-là sublimes apparitions aquatiques, les Sirènes retroussèrent leurs lèvres, montrant les crocs. Les pupilles devinrent rouges comme le sang et elles partirent à l'attaque, agrippant les hommes pour les entrainer dans l'eau avec elles.

Le Second parvint à en maîtriser une mais elle se déroba. Ses griffes se refermaient sur son cou. -

C'était très tentant.

Laisser David se faire entraîner sous l'eau... Prétexter un accident regrettable... Les lois de la guerre...
Aussi, Merwyn se maudit-il quand il donna un coup violent sur la tête de la sirène avec la crosse de son pistolet. Sonnée, la créature s'effondra avec un cri que personne ne put entendre.

Déjà, Merwyn s'enfonçait dans l'eau jusqu'à la taille. Où était Atria ?

L'eau était rouge du sang des hommes et des sirènes. Déjà, on en remontait une sur la berge, entortillée dans un filet.

- Le Quartier-Maître sentit les griffes de la créature se soustraire à lui. Quand il croisa le regard de Merwyn, il lui adressa un signe de tête, tel un remerciement provisoire.

Néanmoins, quand la sirène fut embarquée et que le matelot encore survivant la hissa sur des planches, David vint retenir le Chirurgien par l'épaule, l'empêchant fermement de rejoindre le lit de la rivière. -


D'autres vont venir ! On rentre. Ce sont les ordres.


- Il le tirait sans ménagement vers la berge. La cascade recommençait son tourbillon ... -

Continuant de les menacer, montrant leurs crocs, les sirènes s’agglutinèrent sur la berge, tentèrent d’agripper les derniers marins.

Leur sirène inerte dans un filet, ils se replièrent vers la jungle.

Merwyn tenta de leur faire signe. Et la Capitaine ? Mais les pirates continuèrent leur route, obéissant aux ordres. La boule au ventre, Merwyn les suivit en traînant les pieds et retira ses bouchons d'oreilles avec une grimace. Le moindre bruit lui paraissait maintenant irréel et strident.

Ils regagnèrent le bateau et Merwyn s'enferma dans sa cabine.

- Le trajet de retour leur parut encore plus long, surtout avec ce poids supplémentaire.

Au début, les marins s'inquiétèrent intérieurement de voir la Sirène étouffer, ligotée ainsi hors de son habitat. Mais la morgue qu'elle montrait à vouloir rompre ses liens, en plus du fait que bientôt la queue céda sa place à deux jambes parfaitement robustes leur fit abandonner toute tentative de questionnement auprès de Mac Bernick.

Ce dernier ne lâcha pas un mot. Une fois la sirène mise à fond de cale, bien enchaînée sur le bateau, les questions fusèrent. Où était leur Capitaine ? Que s'était-il passé ? Qui était cette femme ?
Il répondit à demi-mot. Pour l'instant, on leur demandait d'attendre. Il vit Merwyn rejoindre ses quartiers, visiblement en colère. Ou peut-être abattu. Il soupira et alla rejoindre sa propre cabine.


Pendant ce temps, le défilé de Sirènes continuait dans la rivière. Elles ne s'attardèrent pas, informées par leurs comparses réchappées de l'attaque du début du jour. L'eau avait pris la couleur du sang versé, refusant obstinément de redevenir limpide malgré la marée. Les cadavres, eux, rejoignirent l'océan. Et l'estomac des sirènes.

A la nuit tombée, la clairière avait retrouvé son silence habituel. Et toujours aucune trace d'Atria. -

Il attend que la vigilance de l'équipage retombe et que les gardes de nuit commence pour se faufiler hors de sa cabine. Le sang d'Elfe qui coule dans ses veines le rend rapide, précis, efficace. Il arrive à mettre un canot à l'eau sans se faire repérer et rame jusqu'à la plage.

Il n'a qu'à remonter le cours d'eau. Il n'a pas de lanterne, il voit bien dans le noir. Mais il a pris des armes, on ne sait jamais.

Enfin, il arrive à la cascade. On n'entends que le grondement de l'eau.

- Le fleuve et ses rives sont calmes. Même les bêtes sauvages se sont retirées pour la nuit.

Pourtant, après un long moment, un signe de vie se dessine. Un simple reflet prit dans la lumière de la pleine lune. Un poisson ? Presque.

Remontant de l'océan, une ombre nageant frénétiquement apparaît, s'approchant de plus en plus de la berge. La chose s'extirpe de l'eau. Des mains, puis un torse qui se hissent avec difficulté. Tout à fait humains. Le visage est dissimulé sous une longue chevelure brune. Elle tousse, se trainant hors de l'eau, dévoilant sa longue queue de poisson, d'un vert se confondant avec la couleur des arbres.

A mesure que la Sirène s'éloigne des flots, le membre unique se sépare en deux. De ses bras suintent quelques plaies superficielles.

Enfin, redressée sur ses coudes, elle dégage ses mèches de sa vue, cherchant sa respiration.
Deux prunelles améthyste.
Atria. -

Ne pas poser de question, ne pas tenter de réfléchir. Ce n'est pas une bonne idée.

Il s'agenouille devant la silhouette fébrile et trempée, et lui passe son manteau sur les épaules.

- A... Atria ? Tu... Ca va... ? Tu veux que je t'aide à te lever ?

Il éloigne avec douceur ses cheveux trempés de son visage. Un peu hésitant. Voire même méfiant.

- Elle ne l'avait pas vu venir. Elle ne s'y attendait pas.
Les ordres qu'elle avait donné à David étaient clairs : personne ne devait revenir ici une fois la Créature attrapée. Voilà pourquoi elle était venue échouer ici et n'avait pas rejoint le bateau directement.

Au soin de sa voix, elle sursauta violemment. Elle se retourna sur le dos et parvint à s'assoir, à quelques mètres de lui, le fixant intensément. Presque menaçante. Le manteau plaqué contre elle pour cacher sa nudité totale.

Elle ressemblait à une bête sauvage, ainsi acculée, échappant aux gestes de Merwyn. Elle remua les lèvres mais les mots ne vinrent pas avant quelques secondes. -


Qu'est-ce ... Pourquoi ... Tu es ici ? Retourne ... Au bateau.


- Elle ramena ses genoux contre elle. Lentement. Ses muscles répondaient à peine. Le tatouage se déchainait encore sur sa jambe nue et ruisselante, comme pour la punir d'avoir abandonné les siens. -

Il tente un pauvre sourire pour essayer de la rassurer.

- Je ne suis pas du genre à obéir aux ordres, tu sais bien. Encore moins du genre à abandonner mon capitaine.

Il s'approche lentement d'elle et lui tend la main.

Et il attend.

- Plus il s'approche, plus elle recule, complètement repliée sur son propre corps.
Elle a même renoncé à le regarder dans les yeux.

Inutile d'être devin pour comprendre qu'elle a honte. -


Va-t-en.


- Sa voix n'était qu'un murmure, presque une plainte, avant qu'elle ne relève soudainement la tête. -


Va-t-en ! VA-T-EN !


- Ses hurlements réveillent les oiseaux. Une nuée s'échappe d'un arbre, effrayée. Mais moins qu'elle. -

Merwyn est têtu. Il tient ça de sa mère. Il pose son sac entre Atria et lui.

- J'ai pris de quoi manger... Tu dois avoir faim, non ? On peut aussi bivouaquer ici et ne retourner sur ton bateau que plus tard... Ca te dit ?

Il lui fait un sourire plus franc. Il commence à accepter l'hypothèse impossible que sa Capitaine puisse parler aux poissons.

- Son dernier cri l'a laissé haletante. Elle s'attend à entendre les pas du Chirurgien s'éloignant de cette femme complètement cinglée.

Au lieu de ça, il continue de lui parler, de s'inquiéter de son sort. La jeune femme relève un regard surpris vers lui. Avant de tourner la tête vers le fleuve.

Ils lui parviennent encore, les cris de la mer. Le trident pulse sur sa cuisse nu. Bien sûr, Merwyn ne peut rien comprendre de son tourment. Sait-il au moins ce qu'il a en face de lui ? Mais puisqu'il tient tant à l'aider ... -


Ramène-moi au bateau. S'il te plaît.


- Un mouvement, un autre, puis elle parvient à se remettre debout. Ses pas sont encore mal assurés, mais elle se sent redevenir elle-même malgré sa fragilité.

Et si elle veut y échapper, au moins pour cette fois-ci, elle doit s'éloigner de cet endroit. -

Merwyn n'ose même pas l'aider à marcher. Il récupère son sac, silencieux, et guide Atria jusqu'au canot qui attend, ballotté par les faibles vagues de la mer.

La Capitaine hésite, ne semblant pas vouloir mettre les pieds dans l'eau. Merwyn s'enfonce alors dans l'eau et ramène le bateau sur le sable. Une fois la jeune femme monté dedans, il repousse le canot à l'eau et prend les rames.

Il les ramène alors vers le Grand des Flots, n'osant dire un seul mot.

- Le manteau pour seul vêtement, elle serre l'étoffe contre elle. Durant la traversée, son regard est perdu dans le lointain.

De temps à autre, ses lèvres se tordent en une légère grimace, comme si elle était en proie à des pics de migraine. En réalité, en plus du fait qu'elle doive résister à quelque chose qui dépasse l'entendement des mortels, ses bras la font souffrir. Les quelques blessures qu'elle a récolté durant son voyage coulent dans le canot et gouttent sur les lattes de bois. Pour autant, elle ne se plaint pas. Et si le Docteur a le malheur de faire un geste vers elle pour s'enquérir des dégâts, elle aurait un mouvement brusque pour s'en dégager.


Quand enfin ils rejoignent le bâtiment, c'est avec soulagement que l'équipage accueille le retour de leur Capitaine. Jusqu'à ce qu'ils remarquent sa nudité et ses plaies ... Une première question fuse. -


" Mais Cap'taine, qu'est-ce qui vous est arrivé ?! "


- A le malheur de s'affoler le canonnier. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de lui adresser un regard noir, David s'est interposé.
Ses yeux d'acier ont jeté un froid glacial sur tout le navire, ceux-ci s'arrêtant sur Merwyn. -


Je vous avais dit de rester à bord. Dans votre cabine, Veritas. On viendra vous chercher quand on aura besoin de vous.


- Les mâchoires serrées, il a sifflé ces mots plus qu'il ne les a prononcé. Et c'est avec beaucoup de ménagement qu'il entraine Atria vers ses quartiers, les bras passés autour de ses épaules, sans que cette dernière n'ait prononcé un mot, ni même tenté d'y résister. Bien loin de son caractère impétueux habituel. -

Avant que David n'ai pu poser les mains sur Atria, Merwyn l'a gentiment poussée vers les autres membres d'équipage, qui réceptionne en douceur leur Capitaine choquée et à moitié nue.

- David, je t'emmerde.

Avant que le Second puisse réagir, le Chirurgien vient de lui coller son poing dans la figure et en profite pour lui en donner un deuxième dans le ventre. Une fois David à terre, un coup de genoux en plein visage suffira à le mettre à terre.

- Et on a besoin de moi. Vous deux, emmenez-la dans mon cabinet. Et tout de suite.

- La vue de son Second a rassuré la Belle. Elle sent déjà qu'elle va pouvoir se détendre lorsque Merwyn la soustrait aux bras de David pour la fourrer habilement entre ceux de son équipage.

Le premier coup fuse et commence à la ramener à la réalité. -


Mais qu'est-ce que ...


- Un deuxième coup. David est à terre sans avoir eu le temps de répliquer. Un troisième. La cohue l'empêche d'intervenir.

Puis, les ordres de Merwyn. Elle a enfin réussi à se dégager et observe son Chirurgien, devenu soudainement ferme et imposant. Malgré le nombre de disputes qu'ils ont pu avoir, jamais elle n'avait vu cette facette de lui. Dans d'autres circonstances, cette prise de position l'aurait certainement mise hors d'elle. Mais pour l'heure, elle sent son équipage désapprouver l'acte du Docteur. Le soutenir pendant un petit combat, oui. Se mutiner devant l'autorité du Quartier-Maître et faire preuve de violence, c'est autre chose.

Elle s'agenouille auprès de David, ce dernier complètement sonné et, d'un geste, elle arrête tout pas en avant des matelots. -


Si l'un d'entre vous réplique, je le débarque. Emmenez Mac Bernick dans sa cabine le temps qu'il retrouve ses esprits. Je vais avec le Chir'. On règlera ça plus tard.


- A nouveau ce ton autoritaire. Malgré leur hostilité, l'équipage s'exécute.
Atria, quant à elle, s'est redressée et est revenue près de Merwyn. Sans croiser son regard, le pas mal assuré, elle se dirige vers le cabinet de soin. -

Un jour ou l'autre, ça allait exploser entre le Second et le Chirurgien. Tout l'équipage le sentait.
Voilà qui est fait.

Il soutient Atria pour éviter qu'elle ne perde l'équilibre et la fait asseoir sur la table d'opération. Il lui passe un drap pour qu'elle se recouvre et, dos à elle, prépare tout ce dont il va avoir besoin pour nettoyer ses plaies.
Il ne lui parle pas. Il sait qu'elle va forcément prendre le parti de David et qu'une fois les soins finis, il n'aura qu'à faire son sac.

Il l'a cherché. Il ne trouve rien à dire. Alors, il la ferme et fait son travail, s'apprêtant à essuyer une tempête.

- Elle enroule le drap autour d'elle, dissimulant habilement son intimité. Bien qu'il la connaisse parfaitement, soit dit en passant.

Sauf que les événements ne se prêtent pas réellement à ce genre d'agréables réminiscences, pour l'un comme pour l'autre. Jusqu'ici, elle a conservé un visage parfaitement impassible. Le calme avant la tempête, doit-il se dire tandis qu'il s'active.

Il peut entendre le tissu se froisser sous ses mouvements tandis qu'elle cherche une position plus confortable.

Puis, un bruit retentit. Un cri ? Son nom prononcé avec force annonçant la semonce ?
Absolument pas.
Un éclat de rire. -


Tu lui as foutu une de ces dérouillées ...


- Et la voilà partie dans un fou rire monumental. -